Couple Macron, la pipolisation sur Instagram
Qui n’a jamais voulu s’immiscer dans la vie conjugale d’un couple de stars ? Connaître leurs petits secrets et observer leur complicité ? Si la presse people s’arrache le dernier feuilleton de la vie de Guillaume Canet et de Marion Cotillard, elle traite également le couple présidentiel au même niveau. Brigitte et Emmanuel Macron font les gloires de Closer, Paris Match ou Voici. Si la pipolisation de la vie politique ne date pas d’hier, le président et sa femme sont les premiers à connaître un réel engouement des réseaux sociaux pour leur relation. C’est sur Instagram que le florilège est le plus important avec des comptes dédiés à 100% à l'actualité du couple Macron. Le plus gros d’entre eux : @emmanueletbrigittemacron dépasse les 70.000 abonnés et est alimenté par un fan visiblement très engagé. Fondé en juin 2017, le compte cumule près de 1.150 publications.
Fait intéressant, si quelques commentaires sont issus de followers français, la majorité provient d’en dehors de l’Hexagone.
Italie,

Chili,

Etats-Unis

ou encore Brésil.

Le Brésil tire nettement son épingle du jeu. C’est étrangement de ce pays que provient la plus grande communauté étrangère fan du couple présidentiel d'après notre analyse. Créé en 2018, le compte @emmanueletbrigitte_br a pris en ampleur après un post Facebook du président brésilien Jair Bolsonaro à l’encontre du physique de la Première dame française. «Suivre le premier couple français sur les réseaux c’était une manière de contredire le discours de notre président », raconte Bruno. Cet étudiant en langue française à l’Université de Sao Paulo est opposé à la politique de Jair Bolsonaro. Alors, quand les échanges se sont tendus entre les deux présidents, il a fait le choix de soutenir sur les réseaux le couple français et a dénoncé «un manque de classe» de la part de l’homme de Brasilia. «Les Français ont une élégance qu’il n’aura jamais» explique-t-il.
Élégance : c’est surtout de cela qu’il s’agit. Tous les posts ou presque mettent en exergue les tenues du couple. On retrouve même des «Stories à la Une» sur Instagram dédiées aux robes de Brigitte Macron ou à leurs tenues de vacances au fort de Brégançon. On plonge pleinement dans le concept de «Life politics» cher aux tabloïds anglophones. On ne parle plus du sommet du G7 mais de l’ensemble porté par Brigitte Macron ce jour-là.
Évidemment, le couple présidentiel français n’est pas le premier à voir ce genre de compte apparaître. Dans une autre mesure, les couples Trump, Biden, ou la famille royale britannique possèdent tous des comptes de fanatiques assez similaires. Mais cette couverture est à double tranchant selon Christian Delporte, historien des médias. Dans une interview pour Libération, il avait notamment déclaré : «On a voulu en savoir plus, aller plus loin que quelques images bien léchées. À force de vouloir se montrer comme monsieur Tout-le-monde, l’homme politique a fini par ne plus être respecté. Il a construit les conditions de sa propre désacralisation.»
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TikTok est l'application la plus téléchargée au monde début 2022
TikTok bat tous les records. Le réseau social chinois est l’application la plus téléchargée au monde entre janvier et mars 2022, selon un rapport du cabinet Sensor Tower. Ces résultats témoignent du succès de l’application chez les jeunes, avec plus de 3,5 milliards de téléchargements depuis son lancement en 2016. TikTok domine le classement pour la deuxième année consécutive. Elle reste la seule application du top 4 mondial qui n’appartient pas au groupe Meta. Arrivent ensuite dans le classement Instagram, Facebook et WhatsApp.
Twitter lance la fonction «Cercle» pour créer des groupes restreints
Du nouveau chez l’oiseau bleu. Twitter a présenté la semaine dernière la fonction «Cercle» , qui permet de partager ses tweets à un groupe de personnes choisies. Toujours en développement, cette fonction est encore en phase de test. Seul un nombre limité d’utilisateurs peut y accéder pour le moment. Si les résultats sont concluants, le réseau social pourrait bien l’étendre. Un cercle peut contenir jusqu’à 150 membres et évoluer indéfiniment. Une fonction similaire à celle des «Amis proches» sur Instagram, qui permet de partager sa story avec une liste d’amis prédéfinie. L’annonce survient alors que Twitter sème la discorde depuis son rachat par l’homme d’affaires Elon Musk. L’avenir du réseau social inquiète investisseurs et utilisateurs.
20 Minutes lance un magazine consacré à la blockchain
Un média d’un nouveau genre va voir le jour. Le quotidien 20 Minutes prévoit de lancer 20 Mint, un supplément gratuit 100% blockchain au mois de juin. Au programme : reportages, portraits et interviews sur les évolutions technologiques liées à la blockchain et au Web3. Le média entend vulgariser ces sujets auprès du grand public. «Nous croyons que nous serons tous, dans nos vies personnelles et professionnelles, touchés par les innovations associées à ces technologies», explique 20 Minutes sur son site. Le magazine a été financé grâce à des NFT. Chaque NFT donne à son détenteur le pouvoir de siéger au comité éditorial virtuel de 20 Mint et ainsi de voter pour les articles à paraître ou les interviews à réaliser.
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« On considère maintenant que TikTok est un vrai travail journalistique. »
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Depuis avril 2021, Garance Pardigon fait entrer sur TikTok la grand-messe qu'est le 20 heures de TF1. Grâce à ses réponses à des questions sur la vie quotidienne, elle compte désormais 146.000 abonnés et plus de 2 millions de likes cumulés (!!!). Journaliste à TF1, Garance Pardigon évoque comment elle en est arrivée à créer du contenu pour TikTok et nous parle aussi de l'équilibre entre information et divertissement sur la plateforme.
D’où vient votre intérêt pour TikTok ?
Lors du premier confinement, je me suis retrouvée avec du temps à perdre et j’ai commencé à scroller. Après «le 20h et vous», une rubrique où je réponds aux questions des téléspectateurs, j’ai voulu développer davantage l’interactivité et je me suis dit que TikTok était un bon moyen de le faire. Ça change de ce que je fais sur le plateau de TF1 et je m’éclate en réfléchissant à différentes façons de raconter l’information.
Comment travaillez-vous pour une vidéo ? Est-ce si différent d’un reportage pour le 20h de TF1 ?
Un reportage à la télé dure 1 minute 30 quand un TikTok, c’est entre 30 et 45 secondes. Forcément, ça nécessite d’être très synthétique et d’aller droit au but ! Mais sur le fond, c’est exactement la même préparation et la même rigueur que pour ce qui passerait à l’antenne.
Ensuite, sur la forme je ne peux évidemment pas reprendre les codes de la télévision, car TikTok a son propre mode de narration. Le public ne cherche pas une présentatrice mais une parole plus décontractée et un peu plus décalée. C’est entre l’information et le divertissement, mais toujours avec cette exigence journalistique.
Quel est votre public et a-t-il changé depuis que vous avez commencé ?
Au début, je faisais beaucoup de questions qui s’adressaient aux étudiants en me disant que c’était le public. Puis en septembre 2021, j’ai commencé à élargir les sujets sur des problématiques de la vie quotidienne. Je me suis alors rendu compte que ce sont surtout des trentenaires avec des interrogations sur le logement qui me regardent. Ce sont les vidéos qui fonctionnent le mieux aujourd’hui car les utilisateurs ne savent pas trop comment s’informer et sur mon compte, ils trouvent des infos pratiques.
Et pour la présidentielle ? Vous avez senti qu’il y avait une réelle demande des utilisateurs de TikTok ?
J’ai traité la présidentielle d’une manière concrète et pratique. Je n’étais pas sur les programmes ou les querelles, mais bien sur le mode d’emploi du vote : ton inscription est-elle automatique, peut-on voter en ligne, comment est financée une campagne ? Plutôt de l’éducation civique que de la politique.
J’ai aussi débriefé en live la soirée électorale avec une tiktokeuse. Pour elle, c’est intéressant de voir comment on fabrique de l’info et pour moi, c’est enrichissant d’avoir son point de vue et le ressenti des tiktokeurs.
Comment analysez-vous la présence des politiques sur TikTok ?
C’est intéressant pour casser leur image et faire de la politique autrement. Mais le danger est de s’arrêter à la forme, parce que sur ces comptes il y a très peu de fond. C’est un enjeu d’images mais pas d’idées.
C’est donc important pour moi d’être sur TikTok et d'apporter une vraie expertise de journaliste. Sur le compte de TF1, j’ai proposé des comparateurs de programmes destinés exclusivement aux réseaux sociaux. Ça permet aux gens de se dire : « Que propose vraiment le politicien qui fait une danse avec 4 millions de vues ? »
« Les gens interagissent beaucoup plus sur le fond que sur la forme et c'est pour moi une vraie victoire. »
Est-ce que vous dressez déjà un bilan de votre présence sur TikTok ?
Honnêtement, c’est un pari réussi ! J’avais des craintes car il y a une prise de risque lorsqu’on s’expose sur les réseaux sociaux. Et si la forme est séduisante, les gens interagissent beaucoup plus sur le fond que sur la forme et c'est pour moi une vraie victoire. Les gens ne se rendent pas sur mon compte juste parce que j’amuse les gens mais bien pour avoir une info et c’est l’objectif que je m’étais fixé.
Comment ce projet a-t-il été accueilli à TF1 ? Quelles sont les attentes de la chaîne ?
Mes collègues me connaissent, ils savent que j’aime les réseaux sociaux et que j’ai de l’autodérision donc ça les fait plutôt rire. Mais là où ça a vraiment fonctionné, c’est qu’on considère maintenant que c’est un vrai travail journalistique. À TF1, du temps m'est dégagé pour ça et j’échange avec le rédacteur en chef Guillaume Porteu et le présentateur du 20h Gilles Bouleau sur le contenu que je produis.
Pour TF1, il s’agit aussi évidemment de rajeunir l’audience du journal et de trouver de nouveaux téléspectateurs avec des usages très différents de leurs parents. Pour s’adresser au plus grand nombre, il faut réfléchir aux nouvelles façons de s’informer : nous devons être le reflet des usages de la société.
Propos recueillis par Gwendal Lavina
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Le coup de coeur de la rédac’ : le TikTok du Guardian Australia
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Pour la deuxième année consécutive, TikTok est l’application la plus téléchargée au monde. Elle prône aussi la première place des noms de domaine les plus visités au monde devant Google. Très prisée des jeunes, 41% des utilisateurs sont âgés de 16 à 24 ans.
Pour de nombreux médias, s’exporter sur TikTok est un moyen de toucher un public nouveau, plus jeune, et parfois plus éloigné de l’actualité. Parmi les grands médias qui ont le mieux réussi à s’adapter à cette plateforme, on retrouve le Guardian Australia.
Leur compte revendique plus de 170.000 abonnés. En 2019, le Guardian Australia était l’un des premiers médias du pays à débarquer sur TikTok. Le but affiché : fidéliser et toucher un nouveau public, plus jeune, et générer du trafic vers le site.

Ce qui marche le mieux sur le TikTok du Guardian Australia c’est… leur journaliste, Matilda Boseley.
Elle travaille quasi-exclusivement pour le compte TikTok du média et ses vidéos sont de loin celles qui font les plus gros scores. Les autres vidéos du compte sont principalement des reposts de vidéos postées sur Instagram et font en moyenne 7.000 vues, quand celles de Matilda atteignent les 300 à 400.000 vues.

Matilda Boseley fait des vidéos face caméra, généralement sur fond vert pour illustrer ses propos pendant qu’elle explique une actualité. Matilda y explique une actualité comme si elle en parlait à des amis, avec un débit et un rythme de parole très rapide et des plans très « cut ».
Il y a très peu de montage à part ce qu’on peut faire sur TikTok, mais c’est aussi ce qui fait que Matilda Boseley a su s’adapter au style et aux codes de l’application.
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