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Quand les médias français jouent la carte écolo'
 
Plus les jours passent et plus les perturbations météorologiques liées au climat nous touchent, nous et les médias. Parmi eux, une réelle prise de conscience est à l'oeuvre, à des degrés différents.

Des médias déjà (re)connus pour leurs engagements écolo' comme Vert ou Reporterre sont aujourd'hui imités par les médias dits traditionnels. Sud-Ouest, deuxième titre de presse quotidienne régionale derrière Ouest-France, a sonné une nouvelle alarme. Dans un manifeste publié en janvier 2023 dans sa nouvelle rubrique «Déclic» dédiée à l’environnement et intitulé « Pourquoi le groupe Sud-Ouest s’engage face aux enjeux climatiques et environnementaux », le journal explique les raisons de ce tournant. La rédaction couvrant une large partie du quart sud-ouest de la France, notamment touché par des incendies meurtriers l'été dernier, indique vouloir s’engager « à inscrire les enjeux climatiques et environnementaux au cœur de leur production éditoriale, en organisant des espaces de prise de parole et d’échange constructifs, en documentant les enjeux locaux et en mettant en relief les connaissances scientifiques ».

 
La PQR reste hésitante
 
Cette position assumée par le quotidien s’inscrit dans une prise de conscience plus large de la profession.

En septembre 2022, sous l’impulsion de Loup Espargilière du média Vert, des rédactions de tous horizons ont signé la « Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique ». Là aussi, on retrouve une similitude chez Sud-Ouest qui a édité sa propre charte aux « 13 points qui exposent la responsabilité des journalistes dans la présentation des sujets relatifs au réchauffement climatique ».

De son côté, la presse nationale a également réagi avec La Croix et sa nouvelle rubrique « Eco et transition », lancée mi-janvier. Le rédacteur en chef du quotidien, Jérôme Chapuis, a souligné « le choix [du média] de sortir de l'alerte et du plaidoyer pour entrer dans l'ère de l'urgence et des solutions ». Pour compléter ce tournant éditorial, un hebdomadaire intitulé « Planète : "l'urgence et les solutions" » doit paraître tous les mercredis.

On vous rassure, il reste encore beauuuuuucoup de progrès à faire. Au moment-même où Sud-Ouest prend son virage écolo', son alter-égo La Dépêche du Midi fustigeait les sabotages de certains canons à neige de la part d’activistes du climat parlant de « menace écolo ». Deux rédactions, deux ambiances...
 
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Brut s’essaie à l’intelligence artificielle
 
« 100 % IA, 100 % vérifié ». C’est le slogan du nouveau compte Instagram de Brut, dédié à l’information co-construite entre journalistes et intelligence artificielle. C’est la première fois que le média français s’essaie aux nouveaux outils de l’intelligence artificielle, dont ChatGPT, Midjourney ou encore DALL•E. Les contenus continuent d’être corrigés et validés par des journalistes (pour le moment...).
 
Mediapart lance une collection de livres d'enquête
 
La collection baptisée « Enquête de sens » devrait prendre la forme de livres d’enquête, permettant aux journalistes d’approfondir certains sujets et de sortir du format contraignant de l'article. Le journal en ligne s’est associé aux éditions du Seuil pour ce projet qui, d’après Mediapart, abordera divers thèmes allant de la lutte contre la corruption au dérèglement climatique, en passant par les violences sexuelles. Le lancement de la collection est prévue pour le mois de mai.
 
Le Figaro quitte Paris… pour s’implanter en régions
 
Le quotidien Le Figaro a annoncé mi-janvier, par la plume de son directeur général Alexis Brézet, l’ouverture de quatre nouveaux bureaux à Nantes, Bordeaux, Nice et Lyon. Cette nouvelle présence du Figaro s’inscrit, selon le journal, dans un moment où « l’information locale est au cœur des préoccupations de [ses] lecteurs ». Le Figaro cherche ainsi à se doter d’une assise locale en complément de son offre nationale de référence. La nouvelle stratégie du plus vieux quotidien national est également multi-supports. Des contenus exclusifs seront créés pour les réseaux sociaux du journal. Des pages Facebook dédiées à chaque ville complèteront cette nouvelle offre. Un nouveau concurrent puissant et non-négligeable pour les titres de PQR à surveiller de près.
Raphaëlle Nowé
« Entre 5 et 10 % des abonné.e.s à une newsletter gratuite sont prêts à payer pour elle  »
 Vous organisez les 2 et 3 février prochains le festival de l’infolettre, pourquoi le créer maintenant ?

Je suis co-organisateur avec la Résidence Créatis. Nous avons l’intention de mettre la lumière sur un écosystème d’auteurs, de création de newsletters éditoriales qui est tout juste en train d’éclore en France. Cet événement ouvert au grand public, festif avec des prix et pleins de rencontres, est une bonne manière de montrer qu’il se passe quelque chose autour des newsletters. Un peu comme ce qui s’est passé avec les podcasts il y a quelques années. Nous avons été inspirés par le rôle qu’a eu ces dernières années le «Paris podcast festival» qui a créé cette énergie autour du format audio.
 

Vous êtes un fervent défenseur des newsletters : ce format journalistique est-il viable économiquement? Si oui, comment et avec combien d’abonnés ?
 

Le rapprochement est souvent fait entre la newsletter et le podcast. Traditionnellement, la newsletter est plutôt connue comme un format un peu triste et automatique. Maintenant, elle est en train de prendre des couleurs comme le podcast avec des voix singulières et des sujets d’expertises ou d’engagements qui sont défendus. Il est plus simple d’en tirer un revenu qu’avec un podcast car les abonnés sont plus «lisibles». Pour un podcast, nous ne savons jamais exactement bien qui écoute. Alors qu'avec une newsletter, nous avons une liste d’inscrits, claire et nette avec des adresses e-mail. Ce qui a été observé c’est qu’entre 5 et 10 % des abonné.e.s à une newsletter gratuite sont prêts à payer pour elle.
 

Faut-il être engagé pour créer une bonne newsletter ?
 

Il faut être engagé sur un thème, le plus précis est le mieux. Pour qu’elle trouve son sens, il faut que la newsletter soit de préférence de niche et que l'auteur apporte une vraie expertise, de par son parcours, son métier, sa passion. Une bonne newsletter est une newsletter experte. 
 

« Les jeunes journalistes veulent avant tout s’engager dans un projet éditorial, plutôt que de savoir si c’est un grand ou un petit média »

En 2019 dans une tribune publiée dans Libération, vous affirmiez que les jeunes sortants des écoles de journalisme étaient plus attirés par la ligne éditoriale des médias que par le nom de ces derniers. Cette affirmation est-elle toujours juste?


Tout à fait. À la conférence des métiers du journalisme, la déléguée générale de la conférence des écoles de journalisme (Cej) a fait une étude sur les motivations des jeunes diplômés à la sortie des établissements. Elle a découvert que leur motivation principale, c’est la ligne éditoriale. C’est une manière de dire que les jeunes journalistes veulent s’engager dans un projet éditorial, plutôt que de savoir si c’est un grand ou un petit média. L’étude de la Cej prouve qu’il y a une exigence et l’envie de participer à un projet éditorial avant tout.  
 

En 2021, vous avez lancé «Ginkio topics» afin d’aider de jeunes journalistes et créateurs de contenus à monétiser leurs travaux grâce à leurs communautés. Cette structure peut-elle aider ces jeunes à rester indépendants en pratiquant leur métier?


C'est très centré sur le format de newsletter. L’idée est de permettre à de jeunes journalistes de se faire repérer. La chance aujourd’hui, c’est qu’on peut créer son mini média sans avoir de moyen. Ils peuvent y développer leur parole, leur style et exigence journalistique sur des sujets qui leur tiennent à cœur. C’est une manière de commencer sa carrière, de rajouter une ligne sur son CV. Nous sommes encore à nos débuts.  
 

Est-ce aussi pour lutter contre la domination de l’américain Substack qui est sur le même créneau ?


C’est important d’avoir des outils français. Il y a un enjeu de souveraineté de l’information. C’est donc un espace qui héberge de l’information créée par des journalistes, des auteurs. Je pense que c’est primordial que les outils et les plateformes utilisés soient français ou européens.
 

*le tout 1er festival de l'infolettre se tiendra les 2 et 3 février prochains à GroundControl (Paris XIIème). Toutes les infos, les invités, la programmation à retrouver juste ici.  

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La liberté de la presse au Maroc pointée du doigt par
le Parlement européen
  
  • Une résolution non contraignante. Le Parlement européen a voté, le 19 janvier, une résolution ciblant la détérioration de la liberté de la presse au Maroc. Bruxelles demande aux autorités marocaines de « respecter la liberté d'expression et la liberté des médias et d'assurer un procès équitable aux journalistes emprisonnés ».
  • Des journalistes emprisonnés, symboles d’une presse censurée. Les députés exigent la fin du harcèlement des journalistes dans le pays, ainsi que de leurs avocats et de leurs familles. Omar Radi, journaliste indépendant critique envers le pouvoir, a été condamné à six ans de prison pour « viol » et « espionnage ». Des chefs d’accusation similaires sont retenus contre plusieurs autres journalistes. Souleimen Raissouni, directeur de publication du quotidien Akhbar Al Youm, a été condamné en 2020 pour « viol ». Le Parlement européen exige leur remise en liberté.
  • Une annonce qui ne passe pas outre-méditerranée. Du côté de Rabat, il n’aura pas fallu attendre longtemps avant que les deux chambres du Parlement marocain ne se réunissent pour réagir à cette « ingérence des euro-députés ». Les divergences politiques entre les élus ont été mises de côté, le temps d’une séance plénière, pour faire front commun à cette décision européenne. À l’issue de la séance, le Parlement marocain a annoncé « reconsidérer ses relations avec le Parlement européen ». Une riposte diplomatique forte du royaume, partenaire stratégique de l’Union européenne en Afrique du Nord.
  • Le PSOE vote contre. Si l’écrasante majorité des euro-députés ont voté en faveur de cette résolution, 32 d'entre eux s’y sont opposés. Parmi eux, 17 élus espagnols du Parti socialiste (PSOE). Une décision, soutenue par Pedro Sanchez, qui s’inscrit dans la lignée du rétablissement des liens diplomatiques entre Madrid et Rabat.
  • Reporters sans frontières. RSF classe le royaume marocain à la 136e position dans son classement annuel sur la liberté de la presse. Une position justifiée par les pressions constantes exercées par le pouvoir politique sur les journalistes et leur famille. L’ONG salue la « décision historique » du Parlement européen, en regrettant néanmoins les « 25 ans de passivité » de l'institution européenne sur la question de la liberté de la presse au Maroc.
  • « Pas de crise avec Rabat ». Si la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères affirme que la France n’est pas en crise avec le Maroc et compte « nourrir » ce « partenariat d’exception », les relations entre les deux pays se sont dégradées ces dernières années. De plus, les récents rapprochements diplomatiques entre la France et l’Algérie réduisent les chances d’un retour à la normale. Emmanuel Macron est attendu à Rabat, courant 2023.
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Influence : le moment de légiférer est venu

2023 serait-elle enfin l’année de la régulation pour les influenceurs ? Gouvernement comme députés n’ont jamais autant montré d’intérêt pour l’influence que ces derniers mois. Après avoir organisé une « réunion de travail » avec influenceurs, agences et plateformes début décembre, le ministère de l’Économie, emmené par le nouveau youtubeur Bruno Le Maire... a lancé le 9 janvier dernier une consultation publique pour mieux encadrer le secteur.

« Il y a certaines arnaques ou parfois tout simplement certains oublis […]. Ce sont ces écarts que nous voulons corriger avec la régulation de ce secteur », a expliqué le ministre. Il y annonce un objectif : mettre en place un « code de conduite » pour les influenceurs. « L’idée est de définir un certain nombre de règles sur lesquelles j’ai besoin de recueillir votre avis, vos critiques et vos propositions alternative », précise-t-il. Concrètement, les Français ont jusqu’au 31 janvier prochain pour s’exprimer en ligne sur onze sujets en lien avec les créateurs de contenu. Plus de 13 000 contributeurs ont déjà participé.

 
Les députés aussi sur le front

Le gouvernement n’est pas le seul à vouloir avancer sur la question. Depuis novembre 2022, Numerama a recensé quatre textes déposés à l’Assemblée nationale pour réguler le secteur. Le député Renaissance Stéphane Vojetta est le dernier à avoir indiqué travailler sur une proposition de loi visant à encadrer le monde de l’influence. Dans Le Journal du Dimanche mi-janvier, il faisait part de sa volonté de proposer un texte transpartisan sur le sujet.

Si la question de la régulation des influenceurs n’est pas récente – la star de téléréalité Nabilla avait été condamnée à 20 000 euros d’amende pour « pratiques commerciales trompeuses » en 2018 -, les derniers chiffres et polémiques (entre Booba et Magali Berdah pour ne citer qu'eux) ont pu motiver les politiques à se saisir du sujet. La Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) révélait le 23 janvier dernier que six influenceurs sur dix « ne respectent pas la réglementation sur la publicité, et les droits des consommateurs ».

Reste que jusqu’à présent c’est l’action du collectif Aide aux Victimes d’Influenceurs (AVI), et ses 88 membres, qui est la plus marquante. Ce dernier est à l’origine de deux plaintes collectives distinctes contre des influenceurs français pour « abus de confiance » et « escroquerie en bande organisée », déposées le 21 janvier 2023. Une première dans l’Hexagone. Et qui a conduit Meta France à annoncer la suppression des comptes Instagram des influenceurs Laurent Correira ainsi que de Marc et Nadé Blata – tous trois visés par le collectif - fin janvier.

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Découvrez qui vous a concocté cette édition :
Sami Alami, Romaric Cayet, Salimata Kone, Robinson Radenac, Lola Uguen et Harold Grand, rédacteur en chef
Édition : Lola Uguen ; Graphisme : Romaric CAYET

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