Valérie Pécresse, l'échec du numérique
La présidente de la région Île-de-France et candidate Les Républicains à l’élection présidentielle, Valérie Pécresse, est à la peine dans les sondages et les intentions de vote. Si son équipe essaie de muscler sa présence sur les réseaux sociaux pour toucher plus d’électeurs, elle reste là aussi bien derrière ses concurrents directs.
La stratégie numérique de Valérie Pécresse, c’est…
- Des comptes Twitter (446K abonnés), Instagram (42,8K abonnés) et Facebook (109K abonnés) sur lesquels la candidate poste principalement des extraits de ses meetings ou de ses passages télé. Un contenu assez classique pour une candidate, mais qui ne s’adapte pas à l’audience et aux codes particuliers de chaque réseau. Jérémy Boissinot, cofondateur du logiciel Favikon, qui analyse les performances des influenceurs sur les réseaux sociaux, déplorait au micro d’Europe 1 en février dernier que « beaucoup de candidats, dont Valérie Pécresse, copient-collent leur contenu sur tous les réseaux ».
- Un compte TikTok, avec 6650 abonnés. Un réseau dont Valérie Pécresse ne semble pas comprendre les codes et n’y suscite pas d’engagement particulier. Invité de l’émission « Politique sous influence » sur Sud Radio, Pierre Liscia, responsable de la campagne numérique de Valérie Pécresse, déclarait : « Je ne veux pas transformer la candidate en un produit des réseaux sociaux, vous ne verrez jamais Valérie Pécresse se la jouer façon tiktokeuse (…) ça ne lui ressemble pas. »
- En plus des réseaux classiques, la candidate LR a aussi un canal Telegram, « Pécresse 2022 », qui réunit 2 255 abonnés. Sur la page d’accueil, on peut lire : « Vous y trouverez des éléments à relayer sur les réseaux sociaux et les actualités de la campagne présidentielle de Valérie Pécresse ainsi que des éléments de riposte. » Elle propose aussi une newsletter pour suivre l’actualité de sa campagne.
- En janvier dernier, Valérie Pécresse a aussi lancé un podcast, « Valérie raconte Pécresse ». Elle entend mieux se faire connaître et se dévoiler au travers de ce format, une démarche qui rappelle d’ailleurs celle d’Hillary Clinton en 2016. Un seul épisode est sorti pour le moment, le 22 janvier. Elle y raconte son séjour dans les camps de jeunesses communistes en URSS, ainsi que sa rencontre avec Vladimir Poutine et « comment cette expérience a forgé sa vision de la Russie et des relations franco-russes »… Des mots qui résonnent étrangement au regard de l’actualité de ces dernières semaines.
- Après Éric Zemmour ou encore Jean-Luc Mélenchon, Valérie Pécresse a été l'une des candidates à recevoir Magali Berdah, fondatrice de Shauna Events, qui représente la plupart des gros influenceurs français, notamment issus de la téléréalité. Ainsi, pendant toute une journée, celle qu'on surnomme la «papesse de la téléréalité» a suivi la candidate LR lors d'un déplacement et a visité son QG. Une rencontre qui a donné lieu à une vidéo de presque 30 minutes, déjà visionnée plus de 100 000 fois depuis sa sortie le 20 mars dernier.
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↘️ Le métavers et les NFT suscitent de moins en moins d'engouement
NFT, métavers… Ces concepts apparus en 2021 étaient présentés comme une révolution pour le monde numérique. Mais depuis quelques mois, ils connaissent une baisse d’intérêt à en croire les tendances de recherche sur Google. En effet, le mot-clé « metaverse » (métavers en français), qui désigne un monde parallèle numérique, a connu un pic de recherche en octobre 2021, au moment du changement de nom de Facebook en « Meta ». Depuis, le nombre de fois où il a été tapé sur Google a nettement diminué. En cause : Facebook n’aurait pas présenté de « vision cohérente du concept de métavers », analyse Paul Tassi, spécialiste des jeux vidéo dans le magazine américain Forbes. Même constat du côté des NFT. Ces « non-fungible tokens » (jetons non fongibles en français) sont des objets uniques 100% digitaux certifiés sur la blockchain, dont n’importe qui peut devenir propriétaire à condition d’y mettre le prix. Le terme « NFT » est de moins en moins googlisé depuis janvier.
🇺🇦 Une journaliste réfugiée présente un journal en ukrainien à la télévision allemande
Un journal télévisé d’un nouveau genre a vu le jour en Allemagne : un JT en ukrainien sur l’Ukraine. La chaîne privée de télévision allemande n-tv vient d’embaucher une journaliste ukrainienne réfugiée dans le pays. Du lundi au vendredi, Karolina Ashion présente un JT en ukrainien pendant 10 minutes. Le programme est destiné aux réfugiés partis d’Ukraine pour rejoindre le territoire allemand. Objectif : raconter l’actualité et la situation politique de leur pays en guerre. Comme eux, Karolina Ashion a fui l’Ukraine quelques jours après le début de l'invasion russe, fin février. La chaîne a précisé qu'elle souhaitait recruter d’autres journalistes ukrainiens dans les jours à venir.
Les médias américains débarquent sur Telegram
Du New York Times au Washington Post, plusieurs médias américains ont récemment lancé leur canal sur l’application de messagerie instantanée Telegram. Objectif : offrir une couverture du conflit russo-ukrainien aux lecteurs du monde entier, notamment aux Russes qui sont de fervents utilisateurs de l’application de messagerie. Sur sa chaîne, qui totalise plus de 47.000 abonnés, le New York Times livre les derniers rebondissements sur la guerre en Ukraine, mais aussi des reportages, témoignages et interviews. La chaîne du Washington Post rassemble quant à elle plus de 17.000 abonnés.
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« Nous considérons que les médias référents doivent occuper les terrains comme Snapchat ou TikTok. »
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Le Monde a dépassé les 400.000 abonnés exclusivement numériques au moment où la crise ukrainienne a explosé et avec elle, le besoin de sources fiables d'information. Le quotidien du soir, grâce à son site et ses rendez-vous numériques, en fait partie. Alexis Delcambre est directeur adjoint de la rédaction du Monde chargé de la transformation numérique. Il évoque la façon dont ce nouveau conflit au cœur de l'Europe s'inscrit dans la proposition éditoriale du journal.
Comment un quotidien comme Le Monde adapte sa couverture numérique à la guerre en Ukraine ? Avez-vous modifié votre façon de travailler ?
Oui, face à un tel évènement, nous adaptons les moyens et ce que nous proposons à nos lecteurs. Cela passe par nos journalistes sur le terrain mais aussi la façon dont nous mettons en valeur leurs contenus. Du point de vue du lecteur, l’offre numérique a commencé avec la mise en place d’un live dès le jeudi 24 février (ndlr : début de l’offensive russe en Ukraine) qui se poursuit. Grâce à nos équipes à Paris et celles qui prennent le relais la nuit depuis Los Angeles, où nous avons un bureau, nous assurons une couverture permanente.
Le live est le format central qui renvoie vers les articles de la rédaction et propose des clés de compréhension. Le Monde produit chaque jour une dizaine de pages de journal donc une trentaine d’articles en version numérique : ils sont diffusés sur le site et relayés sur le live. D’autres formats numériques viennent soutenir cela à l'instar de la vidéo ou des articles tirés de nos rubriques comme Les Décodeurs, Pixels ainsi que Snapchat ou TikTok. Avec cela, nous cherchons à nous adresser à un public plus large que sur le site.
Justement, comment informe-t-on sur Snapchat et TikTok en temps de guerre, à des moments où la désinformation est partout ?
Le fait qu’il y ait de la désinformation à des échelles diverses sur ces plateformes, de notre point de vue, justifie d’autant plus la présence d'un média référent comme le nôtre dessus. Nous avons cette approche de considérer que les médias reconnus doivent occuper le terrain sur Snapchat ou TikTok et s’efforcer d’apporter des éléments d’information fiables.
Nous faisons également beaucoup de choses qui éclairent sur des thématiques que nous savons être l’objet de campagnes de désinformation ou de malentendus. Sur TikTok, c’est vraiment dans cet esprit de vulgarisation pour répondre à une question précise que les gens se posent. Le travail sur la confiance est aussi très important : cela passe notamment par montrer nos visages et expliquer de façon transparente comment nous travaillons.
Concernant la vidéo, quelle est la politique du Monde pour le développement de ce pôle ? Comment s’insère-t-il dans la stratégie éditoriale ?
Nous avons une équipe d’une vingtaine de personnes chargées exclusivement de l’offre vidéo du Monde. La vidéo repose sur trois piliers : montrer les faits majeurs de l’information, expliquer cette information et enfin l’enquête.
Sur ce dernier volet, des journalistes vidéos travaillent sur ces formats qui reposent beaucoup sur l’exploitation d’images ou de donnés disponibles en sources ouvertes. Depuis quatre ans, des thématiques comme la géopolitique (le Haut-Karabakh, l’Ukraine, le Sahel) ou en France les violences policières se prêtent à cette méthodologie car il y a beaucoup d’images. Le Monde s’attache à révéler des choses et cela passe aujourd’hui par les nouveaux formats d’investigation visuelle. Nous allons donc continuer à développer l'écriture et le design car ce n’est pas seulement la voix qui porte le récit mais bien l’animation, le motion design ou la 3D par exemple.
Vous proposez énormément de contenus gratuits, sur la guerre en Ukraine aujourd’hui ou le coronavirus par le passé. Cela amène-t-il de nouveaux abonnés ?
Le Monde a un modèle mixte depuis longtemps, le « freemium » qui repose sur l’articulation et la cohabitation d’une offre gratuite et d’une offre payante. Nous informons le plus grand nombre gratuitement et nous proposons derrière un paywall des contenus qui peuvent donner aux gens envie de s’abonner car ils ont conscience que ces informations ont un coût.
L’abonnement reste la source de revenus la plus sûre, la plus stable et la moins dépendante de tiers. Dans le cas de l’actualité ukrainienne, nous voyons que les gens s’abonnent à partir des formats gratuits comme le live et pas forcément car ils veulent avoir accès à un article payant. Pour eux, c’est un encouragement à poursuivre notre travail.
« Le Monde s’attache à révéler des choses et cela passe aujourd’hui par les nouveaux formats d’investigation visuelle. »
Le Monde vient de passer la barre des 400.000 abonnés exclusivement numériques, n’avez-vous pas peur d’écraser la concurrence, notamment la PQR, sur le modèle du New York Times aux États-Unis ?
Je n’ai pas du tout l’impression que nous en soyons là. Beaucoup de médias dans le paysage français apportent des choses au niveau national mais surtout local sur des sujets que Le Monde ne couvre pas. Je pense que la concurrence est particulièrement vertueuse dans notre secteur. Du point de vue des chiffres, nous le voyons bien : les abonnements du Monde, de L’Équipe mais pas que progressent et bien ! Nous sommes loin d’être dans un schéma avec un seul acteur qui progresserait et les autres qui déclineraient.
Nous entrons dans la dernière ligne droite de la présidentielle, quels sont les projets sur lesquels vous travaillez pour les prochaines semaines ?
En plus du live quotidien lancé début janvier, nous avons un comparateur de programmes, un suivi du temps de parole au sens de celui établi par l'Arcom (ex-CSA) mais aussi sur les réseaux sociaux, qui est pour le moment non-contrôlé. Nous allons lancer très bientôt de nouveaux formats interactifs comme un quiz sur les programmes pour aider les futurs électeurs à comprendre de quel candidat ils sont le plus proche. En podcast, sur le site ou en papier, Le Monde sera au rendez-vous de cette élection pour proposer la couverture la plus complète possible.
Propos recueillis par Gwendal Lavina
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Novaïa Gazeta : média d’opposition, un casse-tête russe
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Novaïa Gazeta ou Le Nouveau Journal est un journal russe, un tabloïd, fondé à Moscou en 1993 sous le nom de Novaïa Ejednievnaïa Gazeta (Le Nouveau Quotidien). Dès l’an 2000, le journal, publié trois fois par semaine, est considéré comme le média le plus indépendant de Russie vis-à-vis du Kremlin. Mais cette notoriété sera synonyme de menaces et de drames avec, entre 2000 et 2009, six journalistes assassinés alors qu’ils enquêtaient pour le journal.
Pour sa défense de la liberté de la presse, le média se voit décoré fréquemment. Décoration la plus prestigieuse et la plus récente : le prix Nobel de la paix 2021. C’est son rédacteur en chef, Dmitri Mouratov, qui reçoit cette distinction en l’honneur de toute la rédaction et des six journalistes tués. Engagé pour les réfugiés, Muratov a déclaré le 22 mars : « La rédaction et moi-même avons décidé de faire don de la médaille du prix Nobel de la paix 2021 au fonds pour les réfugiés ukrainiens. » La médaille sera très prochainement mise aux enchères.
Dmitri Mouratov est le personnage central du journal. Fondateur avec 50 autres journalistes en 1993, il détient 76 % des parts du média. Il devient, en 2000, rédacteur en chef, jusqu’en 2017, date à laquelle il reprend l’écriture d’articles, pour finalement reprendre le poste en 2019.
Le journal n’est pas qu’un média d’opposition. La rédaction traite de divers sujets sur la Russie, de l’histoire, de la culture ou encore de la différence avec cinq séries de podcast : (Le lien du livre, « Différent », A suivre, etc). Le tout en développant un angle international avec une newsletter écrite en anglais : Russia, Explained.
Assumant son rôle de média « libre », Novaïa Gazeta n’hésite pas à faire dans la provocation : sa boutique est remplie de goodies critiquant le Kremlin, se moquant de Ramzan Kadyrov, le président tchétchène et vassal de Poutine, ou ironisant sur la pauvreté du pays et la violence de la police russe. Journalistiquement, les articles sont à contre-courant de ce qui se lit en Russie avec beaucoup d’interviews d’opposants à Vladimir Poutine, internes ou externes, comme l’ambassadeur des États-Unis en Russie, John Sullivan. Rien n’est passé sous silence : le cas d’Alexeï Navalny est grandement traité, tout comme la guerre en Ukraine. Dès le début de l’invasion, Dmitri Mouratov annonce que le journal print sera publié en russe et en ukrainien.
Au milieu des autres médias russes, Novaïa Gazeta est obligé de faire le tri. Récemment, le rédacteur en chef a déclaré ne plus faire confiance aux journalistes russes en dehors de ceux travaillant pour son journal. Néanmoins, depuis la promulgation de la loi « fausses informations » début mars, la rédaction a dû s’adapter, notamment en arrêtant d’employer le terme de « guerre » pour privilégier celui d’ « opération spéciale » choisi par le Kremlin et ainsi éviter des amendes ou des condamnations pouvant aller jusqu’à 15 ans d'emprisonnement.
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⚫ ANNONCE PARTENARIAT
La Média’Tech va couvrir la présidentielle sur Twitch.
Avec le média éphémère 2022.0 nous couvrirons la communication des candidats pour cette fin de campagne. L’occasion de retrouver les étudiants travaillant sur votre newsletter favorite et de les interpeller sur cette campagne présidentielle.
2022.0 c’est une chaîne Twitch qui couvre en six rendez-vous l’élection présidentielle. On vous invite évidemment à les suivre pour être mis au courant des émissions où vous retrouverez nos rédacteurs. Mais aussi à nous rejoindre les 7, 11, 21 et 25 avril à 19h pour interagir avec nous.
Nos rédacteurs interviendront et échangerons avec le tchat sur le même thème que notre rubrique « 2022 Côté Réseaux » qui ouvre chaque numéro de notre newsletter depuis le début de l'année, mais avec l’actualité des derniers instants de la campagne.
Alors rendez-vous le 7 avril à 19h ici.

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