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 2022 CÔTÉ RÉSEAUX  Volodymyr Zelensky : la réussite de la com’ de guerre

 EN 3 CLICS  De nouveaux podcasts quotidiens, des dons en cryptos et... Meta qui autorise les messages de haine 

 LE MÉDIA'TALK  « L’avantage avec Twitter c’est que je peux raconter ce que je vois sur place comme si je parlais à des amis, sans filtre », Nicolas Delesalle, grand reporter pour Paris Match

 LA GROSSE DATA  RT : la voix de la Russie à l'étranger

 LA MÉDIA'SPHÈRE  The Kiyv Independent, une référence au milieu du chaos


 POP UP  Information anxiogène, faut-il savoir se déconnecter ?
Volodymyr Zelensky : la réussite de la com’ de guerre

Depuis le 24 février et le début de l’invasion russe, le président ukrainien s’est mué en chef de guerre. Si les combats font rage dans ce pays d’Europe de l’Est entre les deux armées, Zelensky a lui une autre bataille a mené, sur le terrain de la communication. Une manière pour lui de gagner le soutien des politiques et des citoyens des pays alliés tout en déstabilisant la communication adverse : celle de Moscou et de Minsk.

Depuis le début des tensions avec son voisin oriental, l’acteur reconverti en président multiplie les tweets et les vidéos chocs. Avancement du conflit, débunk de la propagande russe sur une éventuelle fuite du pays, encouragement pour ses troupes, le président déchaine les passions sur ses réseaux aux millions d'abonnés. Ses déclarations sont majoritairement en ukrainien, mais régulièrement traduites en anglais, et parfois même en russe. Encore une manière d’influencer à l’international.

Élément central de cette guerre, Zelensky en est devenu l'un des premiers diffuseur : tous ses réseaux ont connu une croissance jamais vue chez un chef d'État d’Europe de l’Est. 5,3 millions d’abonnés sur Twitter, 2,4 millions sur Facebook et 15,7 millions sur Instagram. Des chiffres d’autant plus importants pour l’influence ukrainienne que Vladimir Poutine est lui très peu présent sur les réseaux sociaux traditionnels. Une page Instagram avec quelques photos, des comptes Twitter et Facebook officiels du Kremlin, le tout avec une communication très aseptisée et sans prise de parole dédiée. Il y a bien eu les ambassades russes et leurs relais digitaux, Russia Today ou encore Sputnik qui ont tenté d’empêcher le naufrage mais il est trop tard. Pour la Russie, la guerre de la com' est déjà perdue.

Pour Volodymyr Zelensky, cette stratégie porte ses fruits : sa cote de popularité chez les Ukrainiens explose tous les plafonds passant de 31% avant l’assaut ennemi à 91% au plus récent sondage. À l’étranger, l’ancien comique, jusqu’ici peu connu, est désormais vu comme un chef d’état courageux que l’on jalouse. Sur TikTok, les comptes fans se comptent par dizaines et les vidéos le mentionnant positivement sont extrêmement populaires. Sa série à succès « Serviteur du peuple » connaît une seconde jeunesse. Si dans l’Hexagone, c’est Arte qui détient les droits, dans le reste du monde, 35 chaînes ont manifesté leur intérêt pour la diffuser.

Cette popularité se concrétise hors des réseaux. IRL (In Real Life : dans la vraie vie), les manifestations de soutien se multiplient à travers le monde dans la quasi-totalité des pays d’Europe et d’Amérique du Nord. À la suite de l’appel du président invitant les volontaires étrangers à se joindre aux combats : d’anciens militaires comme de simples civils ont fait le choix de rallier l’Ukraine pour tenter de mettre fin à l’invasion russe. Il paraît difficile de les quantifier exactement mais Kiev communique un nombre de 16 000 volontaires.


La victoire sur le plan communicationnel influence déjà le champ de bataille.
Note de la rédaction :
Présence      
Cohérence et qualité du contenu     
Interactivité     
NB : La note de la rédaction ne cherche qu'à évaluer, selon nos critères, une campagne de communication. Nous ne portons aucun jugement sur le contenu mais plutôt sur la façon dont chaque politique gère sa présence sur les réseaux sociaux.
Guillaume Lavialle
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🎤 Le podcast « de terrain », un rendez-vous quotidien
Face à l’enchaînement rapide des événements en Ukraine, de nouveaux formats ont été mis en place pour tenir le public constamment informé en un temps record. Le podcast quotidien en est un, utilisé par de nombreux médias pour diffuser les témoignages de ceux qui voient la guerre de leurs propres yeux. C’est le cas de Radio France avec Guerre en Ukraine, le podcast quotidien, mais aussi de BFMTV avec Le service reportage, où les envoyés spéciaux sur place racontent les coulisses de leur travail. Society a également lancé son podcast, 1021 Km, qui recueille les témoignages et donne la parole aux civils frappés par la guerre. La radio publique américaine NPR lance State of Ukraine, avec des émissions de quelques minutes plusieurs fois par jour, où les commentaires à chaud succèdent à des analyses sur les évolutions des forces en présence.

💰 Des dons en cryptos pour armer le pays
Même les cryptomonnaies jouent un rôle clé en temps de guerre. Deux jours après l’invasion russe, le compte officiel de l’Ukraine a publié un appel aux dons en cryptos, un message relayé par Mykhailo Fedorov, vice-Premier ministre du pays. Grâce à la simplicité technique et législative de ces transactions, le pays a ainsi récolté plusieurs dizaines de millions de dollars en quelques jours selon certaines sources, s’approchant de l’objectif des 100 millions. Le ministre adjoint à la Transition numérique, Alex Bornyakov, a précisé que ces donations sont utilisées pour l’achat de matériel de guerre, comme des gilets pare-balles. L’une des sommes les plus élevées collectées par le pays provenait de la vente d’un drapeau de l’Ukraine en NFT pour 6,7 millions de dollars.

 Meta donne son feu vert aux messages de haine contre les soldats russes
La maison mère de Facebook a décidé de faire des exceptions aux règles sur la modération des contenus haineux et violents dans de nombreux pays d’Europe de l’Est. Les utilisateurs de Facebook et Instagram pourront désormais publier des messages de violence à l’encontre des soldats russes ou même des menaces de mort contre le président Vladimir Poutine sans être signalés. Le groupe de Mark Zuckerberg a néanmoins précisé qu’il n’autorisera toujours pas les appels à la violence contre les civils russes.
  
 
Valeria Ghiri
« L’avantage avec Twitter c’est que je peux raconter ce que je vois sur place comme si je parlais à des amis, sans filtre »

Nicolas Delesalle, grand reporter pour Paris Match, était en Ukraine jusqu'au 10 mars, il y est resté 3 semaines pour couvrir le conflit. Pour La Média’Tech, il revient sur l’impact des réseaux sociaux dans cette guerre, l’utilisation du téléphone par les journalistes sur place et la guerre d’information qui fait rage. 
 
Les réseaux sociaux semblent prendre une part importante dans ce conflit. Notez-vous une différence entre cette guerre et une autre du fait de l’utilisation des réseaux sociaux ?
 
Forcément, les gens sont curieux car cette guerre est toute neuve et elle a quelque chose d’assez frappant parce qu’elle ressemble au début de la Seconde guerre mondiale. Et puis les Européens se sentent menacés car le conflit se passe près de chez eux. Donc les réseaux sociaux permettent de s’informer car il y a beaucoup de journalistes sur le terrain qui relatent leur quotidien, sur Twitter ou sur Instagram. C’est aussi la manière dont les jeunes s’informent le plus. 
 
Et puis, nous voyons aussi des choses complètement folles. Il y a notamment des influenceurs russes qui disent tous la même chose, ils récitent un texte que le pouvoir russe leur a donné. Les réseaux sociaux sont devenus des armes de propagande, et ce, du côté russe comme du côté ukrainien. 
 
Vous avez tweeté quotidiennement sur le conflit, par des threads, des photos et vidéos que vous postiez… Concrètement, comment avez-vous utilisé votre téléphone sur place ? 
 
Comme je travaille pour Paris Match, je dois écrire des articles chaque semaine pour l’hebdomadaire. Mais forcément dans ces cas-là j’ai des contraintes, en termes d’angle, de calibrage du papier… L’avantage avec Twitter c’est que je peux raconter ce que je vois comme si je parlais à des amis, sans filtre. Je suis mon propre rédacteur en chef. Je peux poser des questions, raconter des choses qui paraissent anecdotiques et qui ne rentreraient pas dans un article. 
 
Et puis au-delà de mon rôle de journaliste, je suis aussi un receveur de l’information. Je cherche beaucoup sur les réseaux sociaux. Il y a un tas de comptes géniaux qui produisent de l’information pour essayer de faire comprendre ce qu’il se passe d’un point de vue militaire, politique… Ce sont des sources importantes, même pour les journalistes. 
 
Diriez-vous que les technologies d'information d'aujourd'hui (téléphones, réseaux sociaux…) facilitent votre travail sur place ? 
 
Ça le facilite indéniablement. C’est pratique de pouvoir simplement sortir son téléphone et faire une photo quand quelque chose se passe devant mes yeux par exemple. Mais dans les faits, ça le complique aussi. On peut vite être noyés dans un flot d’informations qui ne sont pas toutes bonnes à prendre. 
 
Certaines personnes utilisent les réseaux sociaux à tord et à travers donc il faut toujours être méfiant. Il faut savoir faire la différence entre un journaliste et un citoyen lambda. Un journaliste, on sait pour qui il travaille. Le citoyen lambda qui vient de nulle part, on ne connaît pas ses intentions, on ne sait pas pourquoi il émet, donc il faut toujours faire attention.

 

« Il y a de la propagande du côté russe comme du côté ukrainien »


En Russie, le pouvoir a tendance à couper Internet, faire voter des lois liberticides ou limiter l'accès aux réseaux sociaux pour museler les journalistes, est-ce que c’est quelque chose qui vous a touché sur place ?
 
Moi quand j'étais en Ukraine pendant trois semaines, on m'a laissé travailler, on ne m'a jamais censuré. Je n’ai entendu aucune histoire de collègues journalistes occidentaux épinglés pour avoir écrit quelque chose sur le conflit sur Internet. Par contre, je ne pourrais pas faire la même chose si j’étais en Russie. Beaucoup de confrères ont quitté le pays car ils risquent la prison s’ils parlent de ce qu’il se passe sur les réseaux sociaux. 
 
Les Russes sont habitués à vivre sous la propagande du pouvoir depuis des années. Le réflexe de Poutine, c’est de fermer les réseaux sociaux dès qu’ils vont à son encontre. Toutes les voix dissonantes sont coupées dans le pays. Ce n’est pas le cas en Ukraine. 
 
Diriez-vous que le conflit se déroule aussi en ligne ? Y-a-t-il une forme de guerre d’information sur les réseaux sociaux ? 
 
Bien sûr, et c’est le cas des deux côtés. Il y a de la propagande du côté russe comme du côté ukrainien. Par exemple, les Ukrainiens nous empêchent d’accéder aux zones de combat mais en même temps organisent un mariage entre deux militaires et invitent la presse pour montrer que la vie continue. C’est une forme de communication. 
 
C’est un conflit général d’information, comme toutes les guerres, mais la caisse de résonance est bien plus forte sur les réseaux sociaux, vu la place qu’ils prennent de nos jours. 
 
Diriez-vous que le téléphone est les réseaux sociaux sont une nouvelle arme pour s’informer ? 
 
Une arme pas vraiment mais un outil, c’est une évidence. C’est un outil qui permet de se construire une belle bibliothèque, comme de se faire mal à la main donc il faut faire attention. 
 
Aujourd’hui, n’importe qui peut sortir son téléphone, prendre une photo, la détourner, raconter des choses qui ne sont pas le reflet de la réalité… Quand la personne qui émet l’information se montre plus que ce qu’elle raconte, il faut directement se méfier. Et puis, il y a même des influenceurs qui se mettent à arriver à la frontière polonaise uniquement pour mettre en valeur leur image et gagner des abonnés. 
 
Donc il faut vraiment faire attention à ce qu’on voit, remonter les comptes, voir ce qui a été écrit avant les tweets, regarder les bios, tenter de comprendre quelles sont leurs sources… C’est compliqué parce qu’on peut vite être «trimballé» de droite à gauche.

 

Propos recueillis par Raphaëlle Nowé

The Kiyv Independent, une référence au milieu du chaos

The Kyiv Independent, c’est l’histoire d’une renaissance au milieu du chaos d’une guerre opposant la Russie à l’Ukraine. En novembre 2021, le Kyiv Post, un hebdomadaire anglophone sur l’actualité ukrainienne, est fermé par son propriétaire et toute son équipe licenciée. La trentaine de journaliste décide alors de créer sa propre rédaction et lance The Kiyv Independent qui s’impose comme un média de référence. Puis arrive la guerre, et la nécessité d’avoir des informations fiables au milieu des opérations de propagande menées de tous les côtés du conflit.

Le journal doit alors faire face à une explosion de connexions qui fait planter son site. Surtout, avec les premiers bombardements, c'est tout une nouvelle organisation à mettre en place au sein de la rédaction, dont la plus grande partie a quitté la capitale du pays. Les six journalistes encore à Kyiv se retrouvent à faire du reportage de guerre dans une ville où ils pensaient être en sécurité : un choc.
 
Mais la rigueur paie : le nombre de lecteurs est en constante augmentation, de même que leur présence sur les réseaux sociaux. Le journal compte désormais 1,8 millon d’abonnés sur Twitter contre 20 000 avant le début des combats et 48 000 abonnés sur Telegram, où il relaie rapidement les informations en sa possession sur les combats.

Un soutien financier et des campagnes de crowdfunding
Depuis son lancement fin 2021, le Kiyv Independent a pu compter sur de généreuses donations pour maintenir son activité. La plus importante est venue d’une subvention de la Fondation européenne pour la démocratie et de prêts de locaux qui ont permis d’acheter du matériel et retrouver rapidement le chemin des kiosques.

Sur la plateforme de crowdfunding Gofundme, les équipes du journal ont recueilli plus d’un 1,2 million de livres (près d’1,5 million d’euros) auprès de 24 000 donateurs depuis fin novembre. Les lecteurs peuvent également soutenir la publication sur le site Patreon en s’abonnant, un modèle qui a séduit 6 214 personnes pour un revenu d’environ 60 000 euros par mois. En février 2022, une autre campagne a été lancée pour soutenir tous les médias ukrainiens indépendants, elle a recuelli 900 000 livres (un peu plus d’1 million d’euros) auprès de 14 000 personnes.   
Gwendal Lavina
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Rédacteur en chef : Harold Grand.

Pour nous contacter : lamediatechesj@gmail.com

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